RFI - En sol majeur

Franchement, faire le voyage Paris-Abidjan pour rencontrer Gauz, c’est cadeau. Le beau prétexte de ce week-end En Sol Majeur en Côte d’Ivoire, c’est la 11ème édition du Salon international du Livre d'Abidjan qui s’y déroule jusqu’à ce soir. Hier (16 mai 2019), grâce à l’Institut français nous recevions Yacouba Konate (professeur de philosophie et directeur général du Masa), aujourd’hui on se prépare au grand rire avec un auteur qui ne mâche pas ses mots, son enjaillement, mais aussi son Histoire et sa perception du grand Capital. C’est Gauz, l’ecchymose qui fait du bien. Depuis ses années d’étudiant sans-papiers en France, de l’eau a coulé sous tous les ponts: celui d’Avignon, comme celui d’Houphouët-Boigny. Gauz enjambe, envisage et observe. Photographe, documentariste, directeur d’un journal satirique, après son premier roman Debout-payé, il nous revient son sac de la grande Histoire sur l’épaule, avec Camarade-papa... où l’on voit qu’il connaît bien son histoire coloniale, avec un double regard synonyme peut-être de cette fameuse double culture. Loufoque, déjanté, révolutionnaire, est-ce que Gauz est un «gilet jaune» de l’écriture ? Les choix musicaux de Gauz Garba 50 C’est l’argent qui fait tout Nina Simon Funkier than a mosquito tweeter

Si jamais, il vous donne un jour sa carte de visite, vous verrez, c’est marqué dessus : Yacouba Konaté, professeur, auteur. Domaines : philosophie, critique d’art et études africaines. Bienvenue dans ce week-end ESM en Côte d'Ivoire, pour la 11ème édition du Salon international du livre d'Abidjan du 15 au 19 mai 2019, l’Institut Français accueillant généreusement En Sol Majeur, nous ferons Salon demain (19 mai) avec le romancier Gauz. Mais aujourd'hui, on a planté nos micros dans la très dynamique Rotonde des Arts d’Abidjan, l’un des cocons de notre invité. Ancien commissaire de la biennale de Dakar (Dak'art), directeur du Marché des arts du spectacle africain (MASA), Yacouba Konaté est l’une des personnalités hybrides et intellectuelles les plus remuantes du monde de l’Art, fourrant son nez là où ça gargouille, là où ça gratouille : capable d’écrire autant sur Alpha Blondy, le zouglou, le grand sculpteur Christian Lattier que sur les mouvements patriotes de la Côte d’Ivoire.... Les choix musicaux de Yacouba Konaté Fela Ransone Kuti  My Lady Frustration Salif Keita Kanté Manfila

Comment dévisager Jean-Baptiste Huynh, un des rares photographes reconnaissables au 1er coup d’œil ? Comment envisager ce professionnel du portrait qui, depuis plus de 25 ans, capte non seulement les regards, les mains, les nus, mais détourne aussi les objets, genre miroir ou bol à thé. Avec un seul objectif : déshabiller, pour mieux humaniser celui qui prend et celui qui croyait être pris, Jean-Baptiste Huynh a donc plus d’un secret, plus d’un visage : visage d’un Eurasien né dans la Creuse en France, visage du fils adoptif de Catherine Deneuve dans Indochine, visage de l’autodidacte devenu une référence, exposé dans le monde entier, et aujourd’hui accueilli en grandes pompes au Musée national des arts asiatiques à Paris, le Musée Guimet : sans guillemets, avec juste une vraie écriture photographique au service de son exposition Infinis d’Asie. Les choix musicaux de Jean-Baptiste Huyn Bach Cello Suites, Yo-Yo Ma Tom Waits Ruby’s arms David Bowie Word on a wing

L'odeur de l'encre, il aime ça, Eugène Ebodé. Toujours chapeauté, souvent cravaté, l'écrivain plume regulièrement ses centres d'intérêt... qu'on pourra résumer par les hashtags suivants : Lionceaux indomptables, Pouchkine, scat Ella Fitzgerald, Afrique. Et oui, le jeune Lionceau venu faire ses études en France promène un coeur chevalier entre son Cameroun natal et sa langue française, toujours la balle au pied. 8 romans au compteur, de nombreux prix, des essais, de la poésie de Fouettateur, et dernièrement le grand plongeon dans l'océan Indien, puisqu'avec son nouveau roman Le balcon de Dieu, l'homme venu du pays des crevettes s'intéresse à Mayotte, reléguée aux oubliettes. Les choix musicaux d'Eugène Ebodé : Nina Simone - Mississippi GoddamRichard Bona - Mulema

Cette petite île étonnera le monde : ainsi parlait Jean-Jacques Rousseau de la Corse. Cette phrase, pas tombée dans l’oreille d’un sourd, circule dans les calanques d’une île qui porte le fichu noir et dans les pages d’un 400 pages intitulé Une histoire de l’identité corse, des origines à nos jours, signée Michel Vergé-Franceschi. Un nom qui sent la mer et les oranges, un nom corsé bien placé pour déchiffrer la partition tourmentée de cette identité méditerranéenne. Auteur notamment d’une Histoire de Corse, trois fois titulaire du prix du Livre corse, professeur d’histoire moderne à l’Université de Tours, je soupçonne Vergé-Franceschi de cultiver une double passion : corse et française. (Rediffusion du 11 février 2018) Les choix musicaux de Michel Vergé-Franceschi : Bernardini polyphonie corseCharles TrenetLa merBarbara Drouot